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La-malle-a-lys
2 octobre 2014

Can Mas Deu

Il y a des idéaux qui nous semblent inaccessibles, utopiques ; auxquels on rêve quand on a le temps de laisser nos idées vagabonder. Et quand la vie nous donne l'opportunité d'aller à l'encontre de ce modèle, il faut savoir la saisir.

 

En mai dernier je suis partie trois mois en stage à Barcelone. Je connaissais déjà bien cette ville et je voulais profiter de ce séjour pour découvrir des lieux moins touristiques, plus écologiques aussi. Après plusieurs recherches sur internet j'ai découvert qu'il existait “une communauté” à une quinzaine de minutes de la station de métro Canyelles dans la vallée de Can Mas Deu.

 

● Et plus concrètement Can Mas Deu qu'est-ce que c'est?

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Pour ceux qui parlent catalan ou pour les plus curieux, je vous invite à aller voir le site internet qui vous apportera toutes les informations sur ce lieu atypique.

L'histoire de Can Mas Deu commence en 2001 quand quelques personnes décident d'occuper l’hôpital de Sant Pau, une ancienne léproserie laissée à l'abandon depuis 1948. Rapidement une plainte est déposée, mais les occupants décident de résister pacifiquement en s'attachant aux fenêtres pour ne pas être délogés par la police. Après plusieurs jours sans avoir dormi, mangé, ni bu, des médecins ont alerté l'opinion public sur leur état de santé. Le juge a alors décidé de “privilégier le droit à la vie, plutôt que le droit à la propriété”. L'avis d'expulsion est suspendu... jusqu'à aujourd'hui encore. Tous les habitants (25 adultes, et 5 enfants) vivent donc avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. D'autant plus qu'en mai 2014 une autre “Okupa”* , celle de Can Vies à Barcelone, a été délogée. Et si Can Mas Deu continue d'exister on peut penser que c'est grâce au projet très bien ficelé qui existe autour de la communauté.

 

● Quel est donc le projet que développe Can Mas Deu?

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La communauté n'est qu'un des cinq points fondamentaux développés, voici les quatre autres :

  • Les jardins communautaires

Depuis 2002, la communauté redonne les terres de la vallées, restées à l'abandon jusque là, aux jeunes, retraités, ou familles qui vivent dans le quartier. Cette organisation a fait renaître la filière agricole et a créé un espace de relation intergénérationnelle englobant plus d'une centaine de personnes de tous les ages sur 35 parcelles. Les jardins communautaires permettent de connaître et promouvoir un style de vie durable, une expérience d’auto-partage productive qui permet de compléter la nourriture quotidienne des familles avec des aliments frais, locaux, et écologiques.

  • Le PIC (Point d’interaction de Collserola)

Le Pic s'adresse à tout le monde avec une programmation pour les adultes et des activités pour les enfants. Tous les dimanches il y a gratuitement des ateliers, des projections, des représentations. Les thèmes abordés sont l'agroécologie, la permaculture, l'artisanat, l'autogestion, le “fait-main”, la danse, le théâtre, les luttes sociales, l'écologie politique et la pensée critique en générale. Tous les dimanches à midi un des habitants propose une visite guidée sur le projet. Le pic a aussi des espaces permanents : la bibliothèque, la banque de semences, la boutique gratuite ( chacun amène et prend les vêtements qu'il veut). C'est l'équivalent de nos centres sociaux, mais ici tout est gratuit. La seule chose qui s'achète est la nourriture, ou les boissons bio.

  • L'éducation Agroécologique

Les visites d'éducation agroécologique combinent une visite guidée dans la vallée avec des ateliers pratiques. Ils sont destinés principalement aux enfants et aux adolescents mais des des visitent s’organisent pour les groupes de tout âge. La volonté est d'offrir la possibilité de connaître une manière de vie alternative en découvrant les cycles naturels (de l'eau, de la matière, de l'énergie, des aliments..)

  • les projets de l'association Permaculture Barcelone.

Cette asso travaille autour de la “forêt comestible”, “le jardin permacommun”, et “la bioconstruction”.

 

Comment j'ai vécu l'expérience “Can Mas Deu” ?

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J'ai décidé de visiter ce lieu un dimanche pour profiter des activités du PIC. C'est le meilleur jour pour y aller sinon c'est plutôt compliqué de rencontrer les habitants.

Je suis arrivée un peu avant 10h ce qui m'a permis de découvrir les lieux avant de participer à l'”échange de vêtements”. C'était une sorte de brocante où chacun plaçait les vêtements qu'il voulait échanger et le troc pouvait commencer. En parallèle il y avait un atelier de customisation avec des machines à coudre et une couturière pour donner des conseils. J'ai donc pu retravailler un joli pantalon en lin que je venais d'échanger mais qui m'était un peu grand.

Ensuite il y a eu une représentation de théâtre sur la surconsommation des vêtements. C'était en catalan que je ne maîtrisais pas vraiment (pas du tout?), mais les gestes permettaient de comprendre et ça m'a fait à la fois beaucoup rire et bien réfléchir. En même temps un groupe était parti pour découvrir les plantes sauvages dans la foret.

A midi a eu lieu la visite guidée de l'histoire de la communauté et des jardins. C'était très intéressant, j'ai pu comprendre la démarche initiale et apprécier les projets en cour.

A 15h, la cloche a sonné : le repas était prêt (hé oui on était à l'heure espagnole!). Pour 4,5 euros ceux qui le souhaitaient avait une entrée et un plat chaud végétarien composé de 70% au moins des légumes du jardin. L'après-midi il y avait un atelier d'escalade activiste (sur les poteaux, les arbres...).

Le programme change toutes les semaines, et il est bon de noter qu'en juillet et août le PIC est fermé.



Et bien voilà je crois que j'ai fait le tour. Personnellement j'ai adoré ce lieu paisible, engagé, et où les gens sont allé au bout de leurs idéaux. Je suis allée seule là-bas ce qui m'a pousser à rencontrer des personnes très intéressantes. C'est un souvenir très fort, et à la fois tellement surréaliste que j'ai parfois l'impression de ne jamais l'avoir vécu. J'ai eu la chance d'y retourner une seconde fois en semaine, mais c'est forcément moins vivant que le dimanche où il peut y avoir jusqu'à 300 personnes.

 

Si vous avez des questions n'hésitez pas à me les poser. Ou peut-être connaissez d'autres lieux similaires dont vous pourriez me parler...

 

*Okupa = occupation illégale et non reconnue de bâtiments abandonnés. On en trouve beaucoup en Catalogne.

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